Loin de certains clichés, l’arthrite peut également frapper dès l’enfance. L’arthrite juvénile idiopathique (AJI) n’est pas une maladie spécifique, elle regroupe un ensemble de maladies inflammatoires et rhumatismales qui se développent chez les enfants de moins de 16 ans. En plus de la douleur et de la gêne occasionnée par l’AJI, le stress, la dépression et la désocialisation peuvent aussi faire partie du quotidien de l’enfant. Types d’AJI, causes, symptômes, traitements et bonnes pratiques, nos experts vous expliquent tout ce que vous devez savoir sur l’arthrite juvénile idiopathique.
Qu’est-ce que l’arthrite juvénile ?
Auparavant appelée polyarthrite rhumatoïde juvénile, l’arthrite juvénile idiopathique (AJI) est le type d’arthrite le plus courant chez les enfants de moins de 16 ans. Elle regroupe plusieurs maladies inflammatoires articulaires de durée supérieure à 6 semaines et dont les causes sont inconnues :
- Oligoarthrite juvénile
- Polyarthrite systémique (maladie de Still)
- Polyarthrite sans facteur rhumatoïde
- Polyarthrite avec facteur rhumatoïde
- Rhumatismes psoriasiques
- Arthrites avec enthésites (spondylarthrites)
- Arthrites non-classées
Elle provoque généralement des douleurs articulaires et une inflammation des mains, des genoux, des chevilles, des coudes et/ou des poignets. Elle peut parfois affecter d’autres parties du corps.
Selon la Haute Autorité de Santé, en Europe et en Amérique du Nord, on estime que 16 à 150 enfants sont affectés par l’AJI sur 100 000. En France, environ 4 000 à 5 000 enfants sont atteint d’arthrite juvénile idiopathique.
Par ailleurs, la forme oligoarticulaire est la plus courante, représentant 56% des cas d’AJI, tandis que la polyarthrite rhumatoïde est la moins répandue avec une prévalence de seulement 2 à 7 %.
Quelles sont les causes de l’arthrite juvénile ?
Les types d’AJI sont des maladies auto-immunes ou auto-inflammatoires. Cela signifie que le système immunitaire, qui est censé combattre les éléments étrangers comme les germes et les virus, devient confus et attaque les cellules ainsi que les tissus du corps.
Cela conduit l’organisme à libérer des substances chimiques inflammatoires qui attaque la membrane synoviale (tissu qui tapisse l’intérieur de la capsule des articulations mobiles). Une synoviale enflammée peut rendre une articulation douloureuse, molle, rouge, enflée et/ou difficile à bouger.
Le terme « idiopathique » signifie « sans cause connue ». Les scientifiques ne savent donc pas pourquoi les enfants sont capables de développer une AJI. Ils pensent cependant que les enfants affectés possèdent certains gènes qui sont activés par un virus, une bactérie ou d’autres facteurs externes. Il n’y a à ce jour aucune preuve démontrant que les aliments, les toxines, les allergies ou le manque de vitamines causent la maladie.
Quels sont les symptômes de l’arthrite juvénile
Les principaux signes et symptômes de l’arthrite juvénile idiopathique sont les suivants :
- Douleurs ou raideurs articulaires
- Gonflement, rougeur et chaleur au niveau des articulations
- Forte fièvre
- Épuisement et fatigue intense
- Éruptions cutanées
- Perte d’appétit
- Vision floue ou yeux secs
Certains symptômes sont spécifiques au type d’arthrite de l’enfant :
- Oligoarthrite : affecte quatre articulations, surtout les plus importantes (genoux, chevilles, coudes).
- Polyarthrite : affecte cinq articulations ou plus, souvent des deux côtés (les deux genoux, les deux poignets, etc.). Peut affecter les grosses ou les petites articulations.
- Systémique : affecte tout le corps (articulations, peau et organes internes). Les symptômes peuvent inclure une forte poussée de fièvre (plus de 39 °C) d’une durée minimum de deux semaines et une éruption cutanée.
- Rhumatisme psoriasique : symptômes articulaires et éruption squameuse derrière les oreilles et/ou sur les paupières, les coudes, les genoux, le nombril et le cuir chevelu. Les symptômes cutanés peuvent survenir avant ou après l’apparition des symptômes articulaires. Peut affecter une ou plusieurs articulations, souvent les poignets, les genoux, les chevilles, les doigts ou les orteils.
- Spondyloarthrite : affecte l’endroit où les muscles, les ligaments ou les tendons sont fixés aux os (enthèses). Touche généralement les hanches, les genoux et les pieds, mais peut également affecter les doigts, les coudes, le bassin, la poitrine, le tube digestif (maladie de Crohn ou colite ulcéreuse) et le bas du dos (spondylarthrite ankylosante).
- Indifférenciée : les symptômes ne correspondent parfaitement à aucun des sous-types d’AJI, mais l’inflammation est présente dans une ou plusieurs articulations.
Les symptômes de l’AJI peuvent également aller et venir. Les périodes d’inflammation intense et d’aggravation des symptômes sont appelées poussées. Une poussée peut durer des jours ou des mois.
Comment diagnostiquer une arthrite juvénile ?
Le diagnostic de l’arthrite juvénile idiopathique peut être difficile car les douleurs articulaires peuvent être causées par de nombreux types de problèmes différents. Aucun test unique ne peut confirmer un diagnostic, mais certains tests peuvent aider à exclure certaines autres conditions qui produisent des signes et des symptômes similaires.
Tests sanguins
- Test de vitesse de sédimentation des érythrocytes (ESR)
- Test de protéine C-réactive
- Test d’anticorps antinucléaires (ANA)
- Test du facteur rhumatoïde
- Test d’anticorps anti-peptides cyclique citrulliné (ACCP)
Imagerie médicale
Des radiographies ou une imagerie par résonance magnétique (IRM) peuvent être prises pour exclure d’autres conditions, telles que des fractures, des tumeurs, une infection ou des malformations congénitales. L’imagerie peur également être utilisée ponctuellement après le diagnostic pour surveiller le développement osseux et détecter les lésions articulaires.
Quels sont les traitements de l’arthrite juvénile ?
L'AJI est incurable, mais une rémission (peu ou pas d'activité ou de symptômes de la maladie) est possible. Un traitement agressif précoce est essentiel pour maîtriser la maladie le plus rapidement possible.
Les objectifs du traitement de l'AJI sont de :
- ralentir ou arrêter l'inflammation ;
- soulager les symptômes, contrôler la douleur et améliorer la qualité de vie ;
- prévenir les dommages aux articulations et aux organes ;
- préserver la fonction articulaire et la mobilité ;
- réduire les effets à long terme sur la santé ;
- et d’atteindre la rémission.
Le traitement de l'AJI varie selon le type et la gravité de la maladie. Un plan bien équilibré comprend des médicaments, des thérapies complémentaires et de saines habitudes de vie.
Médication
Les médicaments utilisés pour aider les enfants atteints d’AJI permettent de diminuer la douleur, améliorer la fonction et minimiser les lésions articulaires potentielles.
Les médicaments typiques comprennent :
- les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS),
- les antirhumatismaux modificateurs de la maladie (ARMM),
- les agents biologiques,
- les corticostéroïdes.
Intervention chirurgicale
Dans des cas très graves, une intervention chirurgicale peut être nécessaire pour améliorer la fonction articulaire. Il s’agit surtout de remplacer les parties endommagées d’une articulation par une prothèse (métal, céramique ou plastique). Toutefois, avec les progrès des traitements, peu d’enfants ont recours à la chirurgie.
Thérapies
Votre médecin peut recommander à votre enfant de travailler avec un physiothérapeute ou un ergothérapeute pour aider à conserver les articulations souples et à maintenir l’amplitude des mouvements et le tonus musculaire.
Ce professionnel de santé peut également faire des recommandations supplémentaires concernant les équipements d’exercice et de protection, tels que des attelles ou des supports articulaires pour protéger les articulations et les maintenir dans une bonne position fonctionnelle.
Comment gérer l’arthrite juvénile idiopathique au quotidien ?
Certaines habitudes de vie et soins auto-administrés peuvent aider l’enfant à mieux vivre avec sa maladie.
- Une alimentation saine : bien qu’il n’y ait aucun régime spécial AJI, des études montrent que certains aliments aident à freiner l’inflammation. À ce titre, le régime méditerranéen est le plus indiqué : poissons gras, fruits, légumes, grains entiers, huile d’olive extra vierge…
- Faire de l’exercice régulièrement : l’exercice est important car il favorise à la fois la force musculaire et la souplesse des articulations. La natation est une excellente option car elle impose un minimum de stress sur les articulations.
- Équilibrer activité et repos : lors d’une poussée, il est important d’équilibrer une activité légère avec du repos. Le repos aide à réduire l’inflammation et la fatigue. Faire des pauses tout au long de la journée protège les articulations et préserve l’énergie.
- Traitements chauds et froids : les traitements thermiques, tels que les coussins chauffants ou les bains chauds, sont les plus efficaces pour apaiser les articulations raides et les muscles fatigués. Le froid est préférable pour les douleurs aiguës : il peut engourdir les zones douloureuses et réduire l’inflammation.
- Produits topiques : crèmes, gels ou patches adhésifs peuvent soulager la douleur dans une articulation ou un muscle. Certains de ces produits contiennent la même formulation qu’un médicament, tandis que d’autres utilisent des ingrédients qui irritent les nerfs pour détourner l’attention de la douleur.
- Thérapies corps-esprit : il existe différentes façons de se détendre et d’arrêter de se focaliser sur la douleur. Elles incluent notamment la méditation, la respiration profonde et la pratique de la visualisation. Le massage et l’acupuncture peuvent également aider à réduire la douleur et à soulager le stress et l’anxiété.
- Suppléments : certains suppléments peuvent aider les enfants atteints d’AJI, comme la curcumine et les oméga-3 qui peuvent soulager les douleurs et les raideurs articulaires. Le calcium et la vitamine D permettent de renforcer les os. Discuter toujours avec votre médecin avant de prendre un supplément alimentaire.
Pour conclure
Grandir est déjà assez difficile, et ça l’est encore plus avec une maladie chronique telle que l’arthrite juvénile idiopathique. De plus, deux enfants atteints d’AJI ne présentent pas exactement les mêmes symptômes. Les approches de traitement, les besoins et les désirs de chaque enfant peuvent également différer.
Si la maladie reste incurable, sa meilleure compréhension au fil du temps a permis de développer des traitements efficaces pour soulager la douleur et les symptômes, tandis que les recherches sur les modes de vie ont montré qu’il était possible de vivre plus sereinement avec la maladie.