Femme qui prend des médicaments au travail

Le bien-être des salariés et la QVCT sont des enjeux majeurs pour les entreprises en 2024. Dans ce contexte, le sujet des addictions au travail s’impose ainsi comme incontournable. Autrefois considérées comme des problèmes relevant de la sphère privée, elles sont désormais reconnues pour leur impact significatif sur le milieu professionnel. Comprendre, prévenir et agir face aux addictions au travail représente à la fois un enjeu de santé publique, mais aussi de performance des organisations.

Addictions au travail : de quoi parle-t-on ?

Avant toute chose, il est important de savoir ce qui se cache derrière les addictions au travail. Elles incluent en effet une diversité de comportements et de consommations affectant la vie professionnelle. 

Une addiction se caractérise par l'incapacité de contrôler un comportement et la poursuite de celui-ci malgré ses conséquences négatives. Dans le milieu professionnel, les addictions peuvent nuire aux performances, à la sécurité et aux relations interpersonnelles. On peut les diviser en deux catégories :

Addictions aux substances psychoactives

L'alcool est la substance la plus couramment consommée, avec des pratiques allant de la consommation occasionnelle à la dépendance sévère. Le tabac, malgré des réglementations de plus en plus strictes, reste courant. Quant au cannabis, il soulève des préoccupations croissantes. 
D'autres drogues comme la cocaïne, l'ecstasy ou l'héroïne sont également consommées, avec  des conséquences potentiellement très sévères. Enfin, n’oublions pas que les médicaments psychotropes, comme les anxiolytiques et les antidépresseurs, peuvent aussi mener à une dépendance.

Addictions comportementales

Les addictions comportementales, telles que le workaholisme (ou addiction au travail) et la technodépendance, sont de plus en plus répandues. Le workaholisme se caractérise par un investissement excessif dans le travail au détriment de la vie personnelle et de la santé. La technodépendance, de son côté, représente l'usage compulsif des outils numériques. Elle peut  brouiller les frontières entre vie professionnelle et vie privée. 

D'autres comportements addictifs, comme les jeux d'argent ou les jeux vidéo, le sport pratiqué à l’extrême ou les achats compulsifs, peuvent aussi impacter la vie professionnelle.

Addictions au travail : quels impacts ?

Les conséquences des addictions au travail sont multiples, touchant à la fois les salariés et les entreprises.

Pour les individus

Les risques de maladies graves et / ou chroniques sont accrus. Les addictions au travail peuvent aussi favoriser l’apparition de troubles du sommeil, de fatigue chronique, d’anxiété et de dépression. 

Les performances et la productivité diminuent, l'absentéisme augmente, et les relations avec les collègues et la hiérarchie se détériorent. Le risque d'accidents du travail devient également plus élevé.

Pour les entreprises

Les addictions au travail affectent la productivité en engendrant une baisse de la qualité du travail, des retards et de l'absentéisme. Elles peuvent également impacter le climat social, en créant une ambiance tendue et des conflits. Les coûts financiers pour l'entreprise, liés à l'absentéisme, au remplacement du personnel et aux potentielles poursuites judiciaires, peuvent dès lors se révéler considérables.

Les chiffres concernant les addictions au travail sont parlants. 18,6% des actifs ont eu un épisode d'alcoolisation importante dans le mois, 28% fument quotidiennement et 9,6% ont consommé du cannabis dans l'année. Les gros consommateurs d'alcool ont deux fois plus de risques d'accidents du travail graves, et la conduite sous l'emprise de l'alcool multiplie par 17,8 le risque d'accident routier mortel. La technodépendance concerne 37% des actifs utilisant des outils numériques professionnels hors temps de travail.

Addictions au travail : quelle prévention ?

meditation durant le travail

La prévention des addictions au travail est essentielle et nécessite une approche globale et collective impliquant tous les acteurs de l'entreprise.

Évaluation des risques

La première étape consiste à intégrer la problématique des addictions dans le document unique d'évaluation des risques professionnels. Identifier les facteurs de risque liés au travail, comme le stress et les horaires atypiques, devient aujourd’hui un impératif.

Politique de prévention

Élaborer une politique de prévention claire et structurée est essentiel. Cette démarche inclut l'élaboration de chartes ou règlements intérieurs, l'organisation de journées de prévention, et la formation des managers à la détection et la gestion des situations à risque.

Sensibilisation

Les actions de sensibilisation sont cruciales. Elles peuvent prendre la forme de campagnes d'affichage, de brochures informatives, de conférences et d'ateliers animés par des professionnels de santé, pour informer sur les risques d’addictions au travail et promouvoir des comportements sains.

Aménagement de l'environnement de travail

Réduire les facteurs de stress, mettre en place une charte de droit à la déconnexion, et proposer des activités de bien-être comme le sport ou la relaxation sont autant de leviers à considérer dans une stratégie préventive.

Accompagnement individuel

Il est enfin important de mettre en place des protocoles d'aide et d'orientation pour les salariés en difficulté, afin de faciliter l'accès aux soins et au suivi médical.

Les entreprises peuvent s'appuyer sur différents organismes spécialisés, en premier lieu sur les services de santé au travail. Elles peuvent s’informer auprès de la MILDECA, l'ANPAA, Addict'AIDE Pro. Enfin, l'INRS propose des ressources et formations sur la prévention des risques professionnels, y compris les addictions.

Pour conclure

La prévention des addictions au travail s'impose ainsi comme un enjeu crucial pour les entreprises en 2024. Ce phénomène, qui englobe à la fois les dépendances aux substances et les comportements addictifs, a des répercussions significatives sur la santé des salariés, la productivité et le climat social de l'entreprise. Face à cette réalité, une approche globale et collective est nécessaire. Pour créer un environnement de travail plus sain et performant, finalement bénéfique pour tous.