Life Beef Carbon, le plan d’actions visant à réduire l’empreinte carbone de la filière viande bovine dévoile, à mi-parcours, ses premiers résultats.

 

Le plan carbone de la filière viande bovine, Life Beef Carbon, qui cherche à réduire de 15 % en dix ans l’empreinte carbone de la production de viande arrive à mi-parcours (2016-2020). Ce projet collectif (57 partenaires), piloté par l’Institut de l’élevage vise à évaluer l’empreinte carbone de 2000 fermes dans quatre pays européens — France, Irlande, Espagne et Italie — à identifier et promouvoir des pratiques d’élevages faiblement émettrices de gaz à effet de serre (GES) et à en apprécier le coût de leur mobilisation. En France, l’agriculture représente environ 20 % des GES et l’élevage bovins viande y contribue pour environ 5 %. Toutefois, on estime qu’un tiers des émissions est compensé par le stockage carbone des haies et prairies. Le méthane entérique constitue plus de 50 % des émissions, suivi par la gestion des effluents (23 %), les achats de paille (6 %), la fertilisation (6 %), les énergies directes (5 %) et les achats d’engrais (4 %).

« Avec 180 techniciens formés à la réalisation de diagnostics dont l’échéance arrive en fin d’année, l’objectif de 100 conseillers est largement dépassé. Notons également la bonne sensibilisation des éleveurs (125 formés). Des groupes d’éleveurs ont en effet effectué des formations Cap’2ER de niveau 1 (outil pour mesurer la performance environnementale et construire des plans d’actions) de manière volontaire », souligne Josselin Andurand de l’Institut de l’élevage.

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Un objectif de réduction des émissions de 15 % réalisable

« Les premiers résultats de l’observatoire des fermes de démonstration (1 050 fermes) corroborent ceux obtenus au sein des fermes suivies dans le cadre du réseau d’élevages Inosys et ceux des fermes expérimentales. Ils rendent compte d’un fort écart de l’empreinte carbone entre les meilleures exploitations et la moyenne. Chez les naisseurs par exemple (empreinte carbone nette = 8,9 kg éq. CO2/kg de viande vive produite pour 403 fermes), les meilleures exploitations affichent une empreinte carbone 35 % plus basse que celle de la moyenne. Cela nous laisse penser que les marges de manœuvre pour aboutir à un objectif de réduction de 15 % de l’empreinte carbone se trouvent là. Un bémol subsiste toutefois au niveau des exploitations où l’empreinte est déjà optimisée. Il est en effet difficile pour elles d’aller chercher une réduction de plus de 2 à 3 % », précise le responsable du projet Life Beef Carbon.

La plupart des leviers répertoriés pour réduire l’empreinte carbone sont gagnants sur le plan économique. Il n’y a pas d’antagonismes entre GES et performances économiques de l’élevage. « Au contraire, on observe une bonne corrélation entre résultats technico-économiques et performances environnementales via l’entrée carbone. » Les principaux leviers identifiés pour améliorer l’empreinte carbone concernent la diminution des UGB improductifs et de la fertilisation minérale, la gestion des effluents pour agir sur les fermentations entériques, l’optimisation des rations, la favorisation du pâturage et de sa durée. Des moyens d’actions sur le stockage carbone (haies, maintien de prairies permanentes productives…) ont également été mis en avant.

De premières références pour se situer

Des fiches de référence par système de production (naisseur, naisseur-engraisseur de jeunes bovins…) sont d’ores et déjà disponibles sur le site de l’Institut de l’élevage. Ces chiffres donnent des tendances. « L’idée est de pouvoir se comparer par rapport aux références au sein d’un même système. Il est par contre important de garder à l’esprit que l’empreinte inter-systèmes n’a pas vocation à être comparée. Les résultats par exemple d’un engraisseur spécialisé, ne tiennent compte que de la phase d’engraissement et non de la vie du broutard chez le naisseur. »

Les 125 fermes de références feront l’objet de portes ouvertes par région et de publications qui détailleront leurs pratiques courant 2019-2020. « En 2019, il est prévu d’éditer un catalogue en collaboration avec les Irlandais comprenant des solutions techniques pour réduire son empreinte carbone tout en détaillant l’impact de ces solutions sur les GES et sur l’économie de l’exploitation. »

Un projet européen destiné aux éleveurs

Les autres pays de l’Union européenne participant au projet n’ont pas encore de résultats à communiquer. L’Italie utilise le même outil (Cap’2ER) que la France pour mesurer la performance environnementale et construire des plans d’actions. Des échanges et visites entre les différents pays ont été effectués. « On travaille globalement sur les mêmes leviers avec l’Irlande (UGB improductifs et gestion optimisée de l’herbe). En Italie ou en Espagne on a principalement à faire à des systèmes engraisseurs spécialisés. En France, un gros travail a également été engagé sur le temps d’engraissement des réformes entre le dernier vêlage et la vente. Au niveau européen, on se positionne toujours sur une hypothèse commune sur le stockage du carbone dans les prairies et haies, afin d’obtenir une reconnaissance pour l’agriculture et l’élevage bovins viande. »

C’est un projet pour les éleveurs. « L’objectif est de pouvoir aussi donner le poids carbone de la viande dans l’assiette du consommateur et de le mettre en relief avec celui du chauffage ou d’un smartphone et de montrer ainsi que la part de la viande, besoin primaire, n’est pas si conséquent. »

 « Élevage bovin et environnement – Les chiffres clés »

L’Institut de l’élevage a produit un recueil de chiffres-clés de manière à préciser le lien entre bovins (viande et lait) et environnement. Cette brochure rassemble les véritables chiffres, met en avant les investigations conduites par les filières d’élevages en faveur de l’environnement ces vingt dernières années, ainsi que les initiatives mises en place pour l’élevage de demain. « Ce livret est à destination des éleveurs et a pour vocation à évoluer avec les nouvelles données obtenues. Son but est d’objectiver le débat et de donner des réponses chiffrées face aux attaques de la société », souligne Josselin Andurand. Il couvre l’ensemble des interactions entre les exploitations bovines et leur milieu en s’intéressant à la qualité et aux consommations d’eau, au changement climatique, à la qualité de l’air, à la contribution à la biodiversité, aux consommations d’énergie et à l’utilisation des produits phytosanitaires.