Le cancer de la prostate est l’affaire de presque tous les hommes, en particulier en avançant dans l’âge avec une incidence d’environ 50% après 80 ans. Un dépistage suffisamment tôt peut permettre un diagnostic précis afin d’envisager un traitement approprié. Quelles sont les étapes du diagnostic et quels traitements sont possibles pour lutter contre le cancer de la prostate ? Éclairages avec les experts Mutualia.
Les quatre étapes du diagnostic du cancer de la prostate
1/ Dépister le cancer de la prostate
Le dépistage du cancer de la prostate chez un homme en bonne santé ne présentant aucun symptôme est controversé. Il existe en effet un certain désaccord entre les organisations médicales quant à savoir si les avantages des tests l’emportent sur les risques potentiels.
La plupart des organisations médicales encouragent les hommes à partir de la cinquantaine à discuter des avantages et des inconvénients du dépistage du cancer de la prostate avec leur médecin. La discussion devrait inclure un examen de vos facteurs de risque et de vos préférences personnelles en matière de dépistage.
Par ailleurs, si vous êtes d’origine africaine, si vous avez des antécédents familiaux de cancer de la prostate ou si vous présentez d’autres facteurs de risque, vous pouvez envisager de consulter votre médecin plus tôt.
Les tests de dépistage du cancer de la prostate sont de deux formes :
- le toucher rectal (TR) : au cours d’un TR, votre médecin introduit un doigt ganté et lubrifié dans votre rectum pour examiner votre prostate, qui est adjacente au rectum. Si votre médecin constate des anomalies dans la texture, la forme ou la taille de la glande, des tests supplémentaires peuvent être nécessaires.
- le test PSA (antigène prostatique spécifique) : un échantillon de sang est prélevé dans une veine de votre bras et analysé pour le PSA, une substance naturellement produite par votre prostate. Il est normal qu’une petite quantité de PSA se trouve dans votre circulation sanguine. Cependant, la présence d’un niveau plus élevé peut indiquer une infection de la prostate, une inflammation, une hypertrophie ou un cancer.
2/ Diagnostiquer le cancer de la prostate
Si le dépistage du cancer de la prostate détecte une anomalie, votre médecin peur recommander des tests complémentaires pour déterminer la présence du cancer :
- Ultrasons : Au cours d’une échographie transrectale (ETR), une petite sonde, de la taille et de la forme d’un cigare, est insérée dans votre rectum. La sonde utilise des ondes sonores pour créer une image de votre prostate.
- Imagerie par résonnance magnétique (IRM) : Dans certaines situations, votre médecin peut recommander une IRM de la prostate pour créer une image plus détaillée. Les images IRM peuvent aider votre médecin à planifier une procédure afin de prélever des échantillons de tissu prostatique.
- Prélèvement d’un échantillon de tissu prostatique : Pour déterminer s’il y a des cellules cancéreuses dans la prostate, votre médecin peut préconiser une procédure visant à extraire un échantillon de cellules de votre prostate. Cette biopsie est souvent réalisée à l’aide d’une fine aiguille insérée dans la prostate pour prélever le tissu. L’échantillon est ensuite analysé dans un laboratoire afin de déterminer la présence de cellules cancéreuses.
3/ Identifier le grade du cancer de la prostate
Lorsque la biopsie confirme la présence d’un cancer, l’étape suivante consiste à identifier le niveau d’agressivité (grade) des cellules cancéreuses. En laboratoire, l’échantillon de vos cellules cancéreuses est analysé pour déterminer à quel point celles-ci diffèrent des cellules saines. Plus le grade est élevé, plus le cancer est agressif et susceptible de se propager rapidement.
Deux techniques sont utilisées pour déterminer l’agressivité du cancer :
- le score de Gleason : Il s’agit de l’échelle la plus couramment utilisée pour évaluer le grades des cellules cancéreuses de la prostate. Le score de Gleason combine deux nombres dont la somme peut aller de 2 (1+1 = cancer non agressif) à 10 (5+5 = cancer très agressif).
La plupart des scores de Gleason pour évaluer les échantillons de biopsie prostatique vont de 6 (3+3) à 10 (5+5). Un score de 6 indique un cancer de bas grade. Un score de 7 indique un cancer de la prostate de grade moyen. Les scores de 8 à 10 indiquent des cancers de haut grade.
- les tests génomiques : Ces tests analysent vos cellules prostatiques cancéreuses afin de déterminer quelles mutations génétiques sont présentes. Ce type de test peut vous donner davantage d’informations sur votre pronostic mais ne sont pas pour autant répandus. Les tests génomiques ne sont pas nécessaires et ne fournissent que des informations supplémentaires pour prendre des décisions de traitement dans certaines situations.
4/ Déterminer si le cancer s’est propagé
Une fois qu’un diagnostic de cancer de la prostate a été posé, votre médecin détermine l’étendue (le stade) du cancer. S’il soupçonne que votre cancer s’est propagé au-delà de votre prostate, un ou plusieurs des tests d’imagerie suivants peuvent être recommandés :
- Scintigraphie osseuse
- Ultrasons
- Tomodensitométrie (TDM)
- Imagerie par résonnance magnétique (IRM)
- Tomographie par émission de positons (TEP)
Chaque test dépend de votre cas. Votre médecin vous aidera à déterminer ceux qui conviennent le mieux à votre situation personnelle.
Les informations issues de ces tests permettent à votre médecin d’attribuer un stade à votre cancer. Les stades du cancer de la prostate sont indiqués par des chiffres romains allant de I à IV. Les stades les plus bas indiquent que le cancer est confiné à la prostate. Au stade IV, le cancer s’est propagé au-delà de la prostate et peut s’être étendu à d’autres parties de votre corps.
Les différents traitements du cancer de la prostate
Vos options de traitements du cancer de la prostate dépendent de plusieurs facteurs, tels que la vitesse à laquelle votre cancer se développe, s’il s’est propagé et votre état de santé général, ainsi que les avantages potentiels ou les effets secondaires du traitement.
Aucun traitement immédiat nécessaire
La plupart du temps, le cancer de la prostate de bas grade ne nécessite pas de traitement immédiat. Pour certains, le traitement n’est d’ailleurs souvent pas utile. Une surveillance active est surtout préconisée.
Dans le cadre de cette surveillance, des tests sanguins de suivi réguliers, des examens rectaux et des biopsies de la prostate peuvent être effectués pour surveiller la progression du cancer. Ce n’est qu’à partir du moment où le cancer progresse que d’autres options de traitement peuvent être envisagées.
Chirurgie
La chirurgie du cancer de la prostate consiste à retirer intégralement la prostate, les tissus environnants et quelques ganglions lymphatiques. Cette option ne s’envisage que si le cancer est confiné à la prostate. Elle est parfois utilisée pour traiter le cancer avancé de la prostate en association avec d’autres traitements.
Radiothérapie
La radiothérapie utilise une énergie puissante pour tuer les cellules cancéreuses. Les traitements de radiothérapie peuvent impliquer le rayonnement externe (rayons X, photons), le rayonnement interne (curiethérapie), ou les deux.
Chimiothérapie
La chimiothérapie recourt à des médicaments pour tuer les cellules à croissance rapide, y compris les cellules cancéreuses. La chimiothérapie peut être administrée par voie intraveineuse, sous forme de pilule ou les deux. Cette option s’envisage lorsque le cancer de la prostate s’est propagé à d’autres parties du corps. Elle peut également être une solution pour les cancers ne répondant pas à l’hormonothérapie.
Hormonothérapie
L’hormonothérapie est un traitement visant à empêcher votre corps de produire la testostérone. Les cellules de la prostate dépendent de cette hormone pour se développer. En supprimant l’approvisionnement en testostérone, cela contribue à tuer ou à ralentir la croissance des cellules cancéreuses. Trois options existent :
- les médicaments qui empêchent votre corps de produire la testostérone ;
- les médicaments qui empêchent la testostérone d’atteindre les cellules cancéreuses ;
- l’ablation des testicules (orchidectomie), le cas échéant.
Immunothérapie
L’immunothérapie consiste à utiliser votre système immunitaire pour combattre le cancer. Le système immunitaire de votre corps qui combat les maladies peut ne pas attaquer votre cancer parce que les cellules cancéreuses produisent des protéines qui les aident à se cacher des cellules du système immunitaire. L’immunothérapie agit en interférant avec ce processus.
Thérapie par le chaud ou le froid
Certaines thérapies ablatives détruisent le tissu prostatique cancéreux par le chaud ou le froid :
- soit en congelant les tissus de la prostate (cryoablation ou cryothérapie) ;
- soit en chauffant le tissu prostatique par des ultrasons focalisés de haute intensité (HIFU).
Thérapie médicamenteuse ciblée
Les traitements médicamenteux ciblés se concentrent sur des anomalies spécifiques présentes dans les cellules cancéreuses. En bloquant ces anomalies, cette thérapie ciblée peut provoquer la mort des cellules cancéreuses. Elle peut être recommandée pour traiter un cancer de la prostate avancé ou récidivant si l’hormonothérapie ne fonctionne pas.
Certaines thérapies ciblées ne sont efficaces que chez les personnes dont les cellules cancéreuses présentent des mutations génétiques. Vos cellules cancéreuses sont testées en laboratoire pour savoir si de tels médicaments peuvent vous aider à combattre le cancer de la prostate.
Médecine douce
Aucun traitement complémentaire ou alternatif ne guérit le cancer de la prostate. Cependant, ils peuvent aider à faire face aux effets secondaires du cancer et de son traitement. Cela peut passer par l’art-thérapie, la danse (thérapie par le mouvement), la méditation, la musicothérapie, les techniques de relaxation…