agricultrice dans un tracteur

La santé des femmes agricultrices est un sujet souvent négligé, malgré leur rôle crucial dans l'agriculture en France. Ces femmes, qui représentent une part importante de la main-d'œuvre agricole tous secteurs confondus, doivent faire face à des défis spécifiques liés à leur travail et à leur condition féminine. Quels sont ces défis et quelles solutions pourraient améliorer leur bien-être ? Mutualia vous explique.

Les défis de la santé des femmes agricultrices

Les risques physiques

Les femmes agricultrices sont exposées à de nombreux risques physiques. Selon une étude de la MSA, environ 60% des agricultrices souffrent de troubles musculo-squelettiques (TMS). Ces problèmes de santé sont causés par des tâches répétitives, le port de charges lourdes et des postures contraignantes. En comparaison, les agriculteurs masculins sont également touchés par les TMS, mais les femmes sont deux fois plus vulnérables en raison de différences physiologiques et de la nature des tâches qu'elles effectuent régulièrement.

Par ailleurs, toujours selon la MSA, bien que les femmes ne représentent que 25% de la main d’œuvre d’élevage, 55% des non-salariées représentent 72% des accidents du travail, prouvant que le secteur de l’élevage est nettement plus accidentogène que les autres activités agricoles. Les blessures les plus fréquentes touchent principalement les membres inférieurs (fractures, plaies, entorses…), tandis que celles affectant les femmes des autres secteurs agricoles concernent les membres supérieurs.

L'exposition aux produits chimiques

L'utilisation de pesticides et autres produits chimiques dans l'agriculture pose un risque significatif pour la santé. Les femmes agricultrices sont particulièrement exposées, non seulement par l'application directe de ces produits, mais aussi par contact indirect via les vêtements, le matériel et l'environnement domestique. Une enquête de l'Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale (INSERM) a révélé que les femmes travaillant dans l'agriculture présentent un risque accru de certains cancers et de troubles reproductifs liés à l'exposition aux pesticides.

agricultrice dans un champ

Le stress et la charge mentale

Le stress et la charge mentale sont des problématiques majeures pour les femmes agricultrices. Elles doivent souvent jongler entre les responsabilités professionnelles et familiales qui augmentent leur niveau de stress. En outre, les conditions économiques difficiles de l'agriculture, telles que les fluctuations des prix des produits et les pressions financières, aggravent encore cette situation.

Selon l’étude de la MSA « La santé des femmes au régime agricole » :

  • Plus de 30% des femmes agricultrices déclarent souffrir de stress chronique ;
  • 1 assurée agricole sur 10 suit un traitement anxiolytique ;
  • Plus de 7% suivent un traitement antidépresseur. 

Les solutions pour améliorer la santé des femmes agricultrices

La formation et la sensibilisation sont des éléments clés pour améliorer la santé des femmes du monde agricole. Des programmes pédagogiques sur les bonnes pratiques agricoles, la manipulation sécurisée des produits chimiques et les techniques de prévention des TMS peuvent grandement réduire les risques de santé. De plus, des campagnes de sensibilisation sur les droits des travailleurs agricoles et l'accès aux soins de santé peuvent aider les agricultrices à mieux comprendre et à revendiquer leurs droits.

L'accès aux soins de santé

Faciliter l'accès aux soins de santé est essentiel pour les agricultrices. Cela inclut des services de santé adaptés aux spécificités du travail agricole, tels que des consultations spécialisées pour les TMS et les troubles liés à l'exposition aux produits chimiques. Bien que les Maisons de Santé Rurales (MSR) existent et sont accessibles à tous, la généralisation de centres de santé mobiles dans les zones rurales pourrait également améliorer encore davantage l'accès aux soins pour celles qui vivent dans des régions isolées.

Le soutien psychologique

Pour aider les agricultrices à faire face au stress et à la charge mentale, l’accès à un soutien psychologique reste indispensable. Des services de conseil et des groupes de soutien peuvent offrir un espace pour partager des expériences et trouver des solutions collectives. De plus, des initiatives pour promouvoir l'équilibre travail-vie personnelle, comme la flexibilité des horaires de travail et la reconnaissance du travail domestique, peuvent contribuer à réduire le stress.

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L'amélioration des conditions de travail

Améliorer les conditions de travail est une autre solution importante. Cela comprend l'adoption de technologies agricoles qui réduisent la pénibilité du travail, comme les équipements ergonomiques et les machines automatisées. Ces technologies doivent impérativement être adaptées aux femmes car il faut le reconnaître, dans l’agriculture, tout est dimensionné pour les hommes. De plus, des politiques de sécurité au travail renforcées peuvent protéger les femmes agricultrices des risques liés aux produits chimiques et aux accidents de travail.

 agricultrice en train de nettoyer une ferme

Témoignages et initiatives locales

Plusieurs initiatives locales montrent que des améliorations sont possibles. Par exemple, le réseau breton "Agriculture au féminin" propose des formations et des ateliers sur la santé et le bien-être des agricultrices

Un témoignage inspirant est celui de Claire, une agricultrice dans le Sud-Ouest de la France. Après avoir souffert de TMS pendant des années, elle a participé à un programme de formation sur les techniques ergonomiques de travail agricole. Grâce à ces nouvelles pratiques, elle a pu réduire considérablement ses douleurs et améliorer sa qualité de vie.

Certaines coopératives agricoles ont par ailleurs mis en place des programmes de soutien psychologique et des services de santé spécifiques pour leurs membres féminins. La plateforme Agri’Écoute de la MSA est également joignable en cas de difficultés au 09 69 39 29 19.

Pour conclure

La santé des agricultrices nécessite une approche multidimensionnelle. La mise en œuvre de formations spécifiques et l'amélioration continue des conditions de travail sont des facteurs concourant à leur bien-être et à leur santé à long terme.